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Dans le vaste monde du cinéma pour adultes, il y a des catégories pour tout. Et pourtant, les corps ronds, bien que présents, sont souvent enfermés dans des rôles stéréotypés. À l’heure où la société célèbre la diversité, qu’en est-il de la pornographie ? Est-ce un miroir des fantasmes libérés ou une loupe grossissante des clichés ?

Voyons cela de plus près, sans voyeurisme, mais avec une bonne dose d’esprit critique.

Les corps ronds : invisibles ou ultra-visibles ?

Pendant des décennies, le cinéma pour adultes a promu un idéal de beauté standardisé. Corps minces, tailles de guêpe, seins refaits… On connaît la rengaine. Les femmes rondes, elles, n’étaient pas absentes, non. Mais reléguées à des catégories à part, avec des noms évocateurs : “BBW”, “SSBBW”, “Plumpers”…

C’est là tout le paradoxe : elles sont présentes mais invisibilisées dans le mainstream. On les montre, mais on les isole. Comme si leur sensualité ne pouvait exister qu’en marge, sous étiquette, sous fétiche.

porno femme obèse

BBW : simple catégorie ou case limitante ?

Le terme “BBW” (Big Beautiful Woman) peut sembler flatteur. Mais il enferme. Car dans la majorité des productions estampillées ainsi, on retrouve les mêmes mises en scène : des femmes réduites à leur volume, accentuation du ventre, jeux avec la nourriture, scénarios moqueurs ou humiliants…

Bien loin de la sensualité assumée, on assiste parfois à une caricature presque cruelle. Le corps rond y est vu comme un objet de fantasme déviant, et non comme un corps désirable parmi d’autres.

Des actrices qui prennent leur place

Heureusement, certaines femmes bousculent ces codes.

Prenons Sofia Rose, l’une des actrices les plus connues de la catégorie BBW. Elle ne se contente pas d’être une étiquette. Elle revendique son image, choisit ses productions, et fait entendre sa voix. Elle parle ouvertement de sa carrière, de la manière dont l’industrie fétichise les femmes rondes… tout en se réappropriant son corps et son désir.

Même chose pour April Flores, actrice et artiste féministe, qui a collaboré avec des réalisatrices comme Courtney Trouble ou Tristan Taormino. Elle milite pour une pornographie inclusive et artistique. April ne vend pas un fantasme “exotique” du corps rond : elle vend du vrai désir, du vrai plaisir.

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Une évolution grâce au porno alternatif

C’est du côté du porno indépendant et queer qu’on observe les plus belles avancées. Des studios comme Four Chambers, PinkLabel, Erika Lust, ou CrashPadSeries intègrent toutes les morphologies dans leurs castings, sans les fétichiser.

Ici, le corps rond n’est plus une “spécialité” : c’est juste un corps parmi d’autres, libre, sensuel, actif. Il peut dominer, être dominé, rire, pleurer, aimer. Et cela change tout.

Dans ces productions, pas de lumière crue sur le ventre, pas de “gags” de scénario. Juste du plaisir assumé, avec des partenaires qui ne jouent pas la surprise de tomber sur une femme pulpeuse. Parce que – spoiler alert – la majorité des femmes ne ressemblent pas à des mannequins Victoria’s Secret.

Et les hommes dans tout ça ?

Côté masculin, le constat est encore plus rude. Les hommes obèses sont quasi inexistants dans le X mainstream, sauf s’ils sont là pour jouer le rôle du clown, du vieux pervers, ou du figurant ridicule.

Le désir d’un homme gros ? Invisible.

L’érotisme d’un ventre masculin, d’un corps lourd, d’un torse moelleux ? Nada.

Et pourtant, des créateurs de contenu sur OnlyFans et des performeurs indépendants comme Jack The Stripper ou Ricky Roman (dans une moindre mesure) montrent que des hommes hors des standards trouvent un public fidèle, avide de diversité.

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Quand le corps rond devient sujet… et non objet

Ce qu’on réclame, ce n’est pas plus de porno “spécial gros”. Ce qu’on veut, c’est que les corps ronds soient normalisés dans toutes les sphères : dans la séduction, la passion, la sensualité, l’amour.

Le problème, ce n’est pas le fantasme. C’est l’enfermement dans un fantasme unique, réducteur, caricatural. Le vrai progrès, c’est quand une femme ronde peut être filmée avec la même lumière flatteuse qu’une autre, avec la même tendresse, la même narration, la même intensité.

Et certains y travaillent déjà. Des réalisatrices comme Lina Bembe, Ms Naughty, ou Jennifer Lyon Bell créent des œuvres où les courbes ne sont pas des accessoires, mais des éléments vivants de l’histoire.

Et en France ?

Côté francophone, c’est encore timide. Peu d’actrices rondes émergent dans le X français, et celles qui le font restent dans l’ombre. Mais Internet a changé la donne. Sur les plateformes comme ManyVids, JustForFans, Fansly, les créateurs peuvent produire eux-mêmes, montrer ce qu’ils veulent, s’adresser directement à leur communauté.

Et surprise : les contenus les plus demandés incluent souvent… des corps naturels. Des poitrines tombantes, des hanches larges, des cuisses pleines de vie. Le corps réel fait son retour en force.

En conclusion : progrès timides, clichés persistants

Le corps rond dans le cinéma pour adultes est à la croisée des chemins.

D’un côté, des clichés bien ancrés, des étiquettes réductrices, des scripts paresseux. De l’autre, une montée en puissance des contenus alternatifs, des créateurs indépendants, des figures féministes qui refusent qu’on parle de leur corps à leur place.

Alors, progrès ou clichés ?
Les deux, mon capitaine.

Mais une chose est sûre : les spectateurs et spectatrices veulent plus de vrai, plus de diversité, plus de corps dans lesquels ils peuvent se reconnaître. Et les femmes rondes n’attendent plus qu’on leur donne une place : elles la prennent. Avec panache, sensualité… et une sacrée dose de liberté.

Images par IA

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