Aujourd’hui, je suis fière d’être grosse. Oui, fière. Et tu sais quoi ? Je viens de tomber sur une anecdote qui m’a fait rire… Une histoire complètement dingue, à mi-chemin entre la légende urbaine et la misogynie médiévale. À l’époque des chasses aux sorcières, on disait qu’une femme pesant plus de 50 kilos ne pouvait pas être une sorcière. Pourquoi ? Parce qu’elle ne pouvait pas « voler sur un balai ». Trop lourde pour s’envoler. Trop visible pour disparaître. Trop encombrante pour être diabolique. Voilà le genre de raisonnement tordu qui passait crème à une époque où la balance servait plus à juger qu’à peser.
Alors aujourd’hui, entre deux gorgées de thé et un éclat de rire, je me suis dit qu’il était temps de remettre cette histoire sur le tapis. Parce qu’elle dit bien plus qu’on ne le pense. Elle dit tout d’un monde qui, hier comme aujourd’hui, a peur des femmes puissantes. Et surtout de celles qui n’entrent pas dans le moule.
Une histoire de balai et de poids : mythe ou vérité ?
Bon, soyons clairs. Il n’y a aucune preuve historique solide que les femmes de plus de 50 kilos étaient exclues des procès en sorcellerie pour cause de « trop gros popotin ». Mais cette anecdote circule depuis un moment. Elle se glisse dans les livres, dans les vidéos TikTok, dans les dîners féministes. Elle est absurde, mais elle résonne.
@haya.zana On se rassure comme on peux
♬ QKThr – Aphex Twin
Parce qu’au fond, elle traduit une idée bien réelle : la minceur comme gage d’innocence, ou du moins, de crédibilité magique. Si tu étais légère, tu pouvais « voler ». Donc tu étais suspecte. Si tu étais lourde, tu étais « trop normale », trop ancrée dans le réel. Et donc, épargnée. Mais toujours méprisée.
Cette vieille logique tordue, où le corps féminin est jugé, disséqué, évalué selon des critères absurdes, n’a pas disparu. Elle a juste changé de costume. Elle s’est glissée dans les magazines, les réseaux, les diagnostics médicaux à deux balles. Et parfois, dans nos têtes.
Être légère pour voler, lourde pour survivre : les paradoxes du corps féminin
Ce qui est fascinant dans cette légende, c’est son paradoxe cruel : si tu es mince, tu es dangereuse. Si tu es grosse, tu es inoffensive. Mais dans tous les cas… tu es suspecte.
On a longtemps lié le corps féminin à la nature, à l’animalité, à la tentation. Et plus le corps prend de place, plus il dérange. Trop visible. Trop assumé. Trop vivant. Alors le fantasme de la femme fine, légère, aérienne, presque éthérée, est devenu la norme. Mais une norme construite contre les corps réels, surtout ceux qui osent exister sans s’excuser.
Et cette vieille histoire de sorcière nous le rappelle : même au Moyen Âge, on avait trouvé un moyen tordu de faire du poids un argument de contrôle. Si tu ne flottais pas, c’est que tu étais innocente. Et si tu flottais, c’est que tu méritais de brûler.
On jugeait le corps. Littéralement. On le pesait. Et on le condamnait.

Aujourd’hui, mon gras me sauve encore la vie (et je le remercie)
C’est là que la vidéo devient géniale. Parce qu’elle retourne tout ça avec un humour grinçant qui fait du bien.
Non, je ne vole pas sur un balai. Et non, je ne suis pas kidnappable facilement non plus. Voilà une punchline qui mérite d’être brodée sur un sweat.
Qui va vouloir galérer à me porter jusqu’à une camionnette ? Qui va risquer de se faire choper en essayant de me traîner en douce dans un parking ? Franchement, mon gras est une armure. Et il mérite une médaille.
Plus sérieusement : dans un monde où les corps des femmes sont constamment exposés, commentés, sexualisés, dénigrés… le corps lourd devient une forme de résistance. Une façon de dire : « Je suis là, je prends de la place, et je t’emmerde avec grâce ».
C’est pour ça que ce genre de contenu vidéo est précieux. Parce qu’il fait rire, mais il fait réfléchir. Et parce qu’il nous rappelle que l’on peut aussi remercier son corps pour ce qu’il est. Pas seulement pour ce qu’il fait, ou pour ce qu’il rentre dans une taille 38.
Être grosse n’est pas un sort, c’est une force
Pendant des siècles, on a associé le poids à la paresse, au péché, à la laideur. Mais ce sont ces idées-là qu’il faut brûler. Pas les sorcières.
Être grosse, aujourd’hui, c’est oser vivre dans un monde qui ne te fait pas de cadeau. C’est résister à la pression de disparaître. C’est choisir le confort, le plaisir, la santé mentale, au lieu de courir après une silhouette photoshopée sur une pub de crème amincissante.
Et puis franchement… s’il y avait un balai volant pour chaque femme ronde, imagine un peu la puissance. Le ciel serait rempli de formes, de rires, de jupes qui volent, de cuisses musclées par la vie. Ce serait magnifique.
Alors non, être grosse n’est pas une malédiction. C’est une bénédiction. Un héritage. Une magie propre. Et elle ne nécessite aucun balai pour décoller.
Images par IA