Dans une époque où la mode se pare de grands mots comme “inclusivité” et “diversité”, certaines marques ont surtout appris… à bien communiquer. C’est ce que dénonce avec franchise Lola Dubini dans une interview accordée au podcast Boum Boum, animé par Alexandra Roost. Entre humour, colère et lucidité, la chanteuse et comédienne met le doigt sur un phénomène aussi agaçant que répandu : le body washing.
Quand la “grande taille” s’arrête au 42
Lola Dubini n’y va pas par quatre chemins. Pour beaucoup de marques, “grande taille” signifie 42. Oui, 42. Un chiffre qui fait sourire amèrement toutes les personnes qui portent du 46, 48 ou plus et savent très bien que ces vêtements “inclusifs” ne sont pas faits pour elles. La chanteuse dénonce cette hypocrisie : “C’est pas parce que tu prends un mannequin grande taille, zarma, parce que les grandes tailles c’est 42 hein, pour eux, hein, que t’es inclusif.”
Derrière ce discours ironique, il y a une réalité glaçante : l’inclusivité est souvent une vitrine marketing, pas un engagement réel. On colle une étiquette “body positive” sur une collection limitée et hop, le tour est joué.
@alexandra.roost Les marques ont encore du chemin à faire selon vous ? #loladubini #interview #marque #grandetaille #poids @Lola Dubini ♬ son original – BOUM BOUM – Alexandra Roost
Des défilés très sélectifs
L’artiste évoque aussi une marque très connue, qu’elle a longtemps portée et qui prétend habiller toutes les morphologies. Sur le papier, c’est beau. En vrai, c’est autre chose. Les défilés annuels de cette marque sont de grands événements très médiatisés, avec des influenceuses triées sur le volet. Mais — surprise ! — les influenceuses en surpoids n’y sont jamais invitées.
Sur scène, deux mannequins “plus en chair” sont mis en avant, accompagnés d’une artiste ronde pour donner une illusion de diversité. Une sorte de quota corporel déguisé en geste progressiste. Lola cite d’ailleurs des noms d’artistes qui ont été instrumentalisées pour cette “crédibilité inclusive”. Le message est clair : “C’est du body washing.”
Le body washing, une façade bien huilée
Le body washing, c’est cette stratégie où une marque met en avant quelques images de diversité corporelle pour se donner une belle image, tout en continuant à exclure concrètement les personnes concernées. C’est un peu comme inviter quelqu’un à une fête, mais lui interdire d’entrer par la grande porte.
Lola Dubini souligne que les marques vraiment inclusives n’ont pas besoin de le crier sur tous les toits. Elles le font, tout simplement. Elles produisent dans toutes les tailles, sans distinction, sans fanfare. Pas besoin d’une “opération image” pour justifier leur démarche.
Zara, H&M et les tailles fantômes
Lola évoque ensuite deux géants de la mode : Zara et H&M. Des marques mondiales, influentes, qui se vantent d’avoir élargi leur gamme de tailles. Mais sur le terrain, c’est une autre histoire. “Zara, par exemple, il y a très peu de XXL en magasin. C’est beaucoup sur internet parce qu’ils veulent pas de nous en magasin.”
Cette phrase claque comme une gifle. Elle soulève une vérité que beaucoup de femmes rondes connaissent : les tailles plus sont reléguées aux ventes en ligne, loin des boutiques, comme si leurs corps ne méritaient pas d’occuper l’espace public de la mode. Comme si être ronde devait rester discret.
L’inclusivité ne se décrète pas, elle se pratique
Ce coup de gueule de Lola Dubini résonne fortement dans une société où les corps ronds sont encore trop souvent invisibilisés, sauf quand ils servent d’alibi marketing. L’inclusivité véritable ne passe pas par une photo bien cadrée sur Instagram, mais par une production réelle dans toutes les tailles, une représentation sincère et une place légitime dans l’espace mode.
Les marques qui se contentent d’un 42 ou d’un XXL en ligne ne font pas de l’inclusivité, elles font du spectacle. Et de plus en plus de voix, comme celle de Lola Dubini, refusent de jouer le rôle de figurantes dans ce théâtre de l’apparence.
Un message nécessaire
En dénonçant cette hypocrisie, Lola Dubini rappelle que les femmes rondes méritent plus que quelques miettes de visibilité. Elles méritent des vêtements, des podiums, des vitrines et des campagnes qui les incluent vraiment. Son discours est cru, cash et nécessaire. Parce que tant que les marques continueront à prétendre plutôt qu’à agir, l’inclusivité ne sera qu’un mot à la mode.
Source photo de couverture : https://www.instagram.com/p/DH340SFS8Oc/?hl=fr&img_index=1 / @axel_en_vrai, @julie_michelet et @thefrankieshop









