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Toute publicité est conçue dans le même objectif marketing : celui de vendre un service ou un produit au public qui la regarde. Pour ce faire, la publicité doit retenir l’attention de son spectateur mais aussi permettre à ce dernier de se reconnaître (ou reconnaître une personne de sa connaissance) en elle. C’est la raison pour laquelle la publicité joue particulièrement sur le principe des stéréotypes : il est bien plus facile de manipuler une image rognée et incomplète de la femme plutôt que de mettre en avant ses aspects polyvalents et individuels.

 

La femme dans la publicité : place aux stéréotypes

 

La femme au foyer

 

Les stéréotypes sont le biais par lequel la publicité s’adresse à un public en grossissant l’un de leurs traits de caractère. La première incursion dans ce style publicitaire pour la femme date probablement des années 50 en particulier suite à l’essor de l’entreprise « Moulinex ». Les images publicitaires de « Moulinex » mettaient l’accent sur la femme au foyer : un personnage dont la vie est axée autour du bonheur de sa petite famille : faire le ménage, préparer de bons petits plats avec le sourire en restant élégante. Bien plus implicite ces dernières années, les stéréotypes de la femme au foyer perdurent dans la publicité contemporaine.

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Mais l’un des stéréotypes les plus courants reste encore celui de la mère de famille. Le baby-boom a installé dans les mœurs que la place de l’homme est au travail pendant que celui de la femme est de materner à la maison. Les tâches en lien avec l’entretien et l’éducation des enfants reviennent donc à la femme.

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La femme objet

 

Plus récente mais non moins partiale, la publicité contemporaine a mis en avant un nouvel aspect de la femme qui n’existait pas dans les années 50 : la femme comme objet de désir et de sexe. De nouvelles publicités sont apparues dans lesquelles les mannequins féminins sont minces et très maquillés, posent dénudés et prennent des positions parfois lascives ou provocantes. Ce stéréotype de la femme sexy et sensuelle pose la question de l’image de la féminité aux yeux du public : la femme est rabaissée au statut de femme objet, parfois, avec violence.

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La femme ambitieuse

 

Enfin, devant les levées de boucliers de ces dernières années concernant le machisme et l’antiféminisme récurrent dans la publicité, certaines campagnes ont voulu axer leurs représentations sur un nouveau stéréotype : celui de « la wonder-woman ». La femme devient alors une « working-girl » avec une carrière et des ambitions professionnelles tout en trouvant le temps d’entretenir sa maison et d’élever ses enfants. De toutes campagnes publicitaires nous présentant ce type de femmes luttant pour concilier leurs rêves professionnels et familiaux au quotidien.

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Pourquoi une image biaisée de la femme dans la publicité est-elle aussi récurrente ?

 

Le sexe dans les publicités

 

Les hommes et les femmes tiennent une place presque équivalente dans la publicité tous supports confondus (54% d’hommes et 46% de femmes selon l’enquête du CSA au 27/01/2017). Cependant, on peut constater une effarante différence dans la manière dont sont distingués les rôles des deux sexes. En effet, si seulement 33% des hommes sont sexualisés dans la publicité, ce chiffre atteint 67% pour les femmes !

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Pourquoi la représentation féminine est-elle majoritairement cantonnée au rôle de femme objet ?

 

Les hommes plus crédibles

 

On notera en premier lieu un besoin de crédibilité du message publicitaire. En effet, les rôles d’expert sont à 82% tenus par des hommes qui semblent aux yeux des prestataires de la publicité être plus crédibles que des femmes. On les trouvera ainsi représentant l’expertise dans des domaines comme l’automobile, la technologie, le médical ou les banques et assurances.

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Les femmes frivoles

 

Les femmes quant à elles sont définies pour représenter les soins de beauté, la parfumerie ou la mode vestimentaire. Elles restent cependant cantonnées à 51% à un rôle purement esthétique et inactif. On notera donc que la femme est la représentante des produits pouvant être considérés comme futiles et dérisoires tandis que l’image masculine sera associée aux sujets complexes et importants nécessitant de faire appel à son intelligence ou sa logique. La publicité entretient l’image biaisée de la femme frivole et idiote.

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De plus, la femme sera particulièrement sexualisée dans la publicité en particulier lorsqu’il s’agit de produits dont la cible est féminine : les vêtements ou la parfumerie présentent des corps dénudés ou provocants à 53%. La publicité devient donc un exemple à suivre pour la femme : un but à atteindre pour être « comme sur l’image ». On notera aussi la présence de sexualisation féminine dans certaines publicités à cibles masculines: la femme est alors un appât pour attirer le regard masculin.

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L’impact de la publicité sur l’identité féminine

 

Nous avons tous besoin de modèles à suivre, et cela la publicité l’a bien comprise. Bien plus que de simplement utiliser les stéréotypes à leur avantage, les prestataires de la communication proposent une image à laquelle les jeunes femmes et les jeunes filles se sentent obligées de coller à la perfection. Pour ce faire, il sera nécessaire d’acheter le produit ou le service mis en valeur par la publicité. La publicité moderne crée donc un besoin en causant un complexe à la femme, spectatrice impuissante d’une publicité envahissante. Très jeunes, les jeunes filles sont donc déjà victimes du sexisme, elles intègrent la notion de femme soumise et retiennent de la publicité que la femme doit évoluer dans l’existence grâce à ses atouts physiques plutôt que par son intelligence.

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La femme et la pub : quand la loi s’en mêle

 

Le phénomène de rabaissement de la femme dans la publicité et son influence sur les comportements est tel que la loi a établi des règles pour limiter la violence de l’impact sur les mœurs actuelles. De ce fait, la profession s’est dotée d’une déontologie particulière à ce niveau, encadrée par « le Bureau de Vérification de la Publicité » qui se charge de contrôler la publicité au préalable de sa diffusion. « L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) » quant à elle prône une publicité « loyale, véridique et saine » et se charge de vérifier les contenus… mais uniquement après leur diffusion.

Malheureusement, des déviances restent encore visibles, en particulier sur Internet malgré l’attention accrue portée par « l’ARPP » sur ce terrain.



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