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Elle a longtemps été la reine des punchlines à la télévision française. Une animatrice redoutable, à l’humour bien tranché, au franc-parler rare dans le paysage audiovisuel. Et aujourd’hui, c’est une femme qui, derrière la lumière des projecteurs, raconte son histoire avec une authenticité désarmante. Laurence Boccolini ne fait plus semblant. Elle se raconte telle qu’elle est : une femme qui a connu l’obésité, la maladie, les regards extérieurs… et qui, malgré tout, avance.

« Les gens m’aimaient comme ça »

Pendant des années, Laurence a incarné une image bien précise. Celle de la présentatrice charismatique au physique rond assumé sur le plateau du Maillon Faible, puis de Money Drop. Son visage était familier, sa voix reconnaissable entre mille. Mais derrière cette image se cachait une réalité intime : elle pesait jusqu’à 165 kg.

« Les gens m’aimaient comme ça », a-t-elle confié. Et cette phrase en dit long. Pour beaucoup, Laurence représentait une figure différente, une femme qui n’entrait pas dans les standards télévisuels habituels. Elle a été aimée justement pour cela. Pour cette singularité.

Mais cette affection du public portait un poids symbolique : celui d’un corps figé dans une image. Elle le dit sans détour : « C’est comme si je voulais leur faire plaisir en disant : oui, je ne suis pas bien dans ma peau mais vous m’aimez comme ça, donc je vais continuer à être pas bien dans ma peau. »

Un aveu aussi courageux que bouleversant. Car derrière les sourires télévisés, il y avait une femme qui souffrait en silence.

@jordan_de_luxe Laurence Boccolini se confie sur son poids. #jordandeluxe #interview #jetdeluxe #laurenceboccolini ♬ son original – Jordan De Luxe

Un combat intime et médical

Ce changement n’a rien eu d’un caprice esthétique ou d’une envie de correspondre à un idéal. Il a été dicté par une nécessité : sa santé. Laurence a longtemps vécu avec une polyarthrite rhumatoïde, une maladie inflammatoire douloureuse, et suivait des traitements lourds à base de cortisone. Avec son poids, la situation devenait « insupportable ».

Le déclic a été simple, presque banal : « Ma fille avait cinq ans. Elle courait, et moi, je devais suivre. » Une scène du quotidien, mais qui pèse lourd dans une vie. Ce jour-là, Laurence a décidé qu’il fallait reprendre le contrôle, non pas pour plaire aux autres, mais pour se sentir vivante plus longtemps aux côtés de sa fille.

En parallèle, elle révèle en 2024 être atteinte d’une tumeur bénigne dans le tympan, un paragangliome intra tympanique. Une épreuve supplémentaire, gérée avec la même dignité que le reste de son parcours.

Un regard qui ne change pas si facilement

Même après une perte de poids importante, elle confie continuer à se voir « comme avant ». « Je me vois toujours comme la photo de gauche », explique-t-elle avec franchise. Ce phénomène, très courant chez les personnes qui ont connu une transformation physique majeure, illustre bien que le regard sur soi ne se transforme pas toujours aussi vite que le corps.

Elle raconte aussi sa difficulté à connaître sa taille actuelle : « Quand je commande des vêtements sur internet, je prends trois tailles différentes parce que je n’ai aucune idée de la mienne. » Une phrase simple, mais d’une honnêteté rare, qui résonne avec le vécu de nombreuses femmes.

Le rapport aux vêtements : une bataille de plus

Quand elle pesait 165 kg, trouver des vêtements adaptés relevait presque de l’exploit. « Il n’y avait que des marques très chères qui faisaient des grandes tailles », se souvient-elle. Et ce n’était pas seulement une question de budget : c’était aussi une question de dignité.

Laurence explique avoir vu, au fil des années, la mode s’ouvrir peu à peu aux grandes tailles, notamment grâce à la fast fashion. Un phénomène à double tranchant : si l’offre a augmenté, elle reste encore trop concentrée sur le web, surtout en province. « À mon époque, il n’y avait que dalle », lance-t-elle dans un rire nerveux. Aujourd’hui, les femmes rondes ont plus d’options, mais la bataille pour une mode vraiment inclusive continue.

Les critiques et la pression de l’image

Perdre du poids n’a pas été une libération immédiate. Certaines personnes, attachées à l’image passée, lui ont reproché sa transformation. « On vous préférait avant », a-t-elle entendu. Une remarque qui en dit long sur la projection que le public colle à une personnalité publique.

Mais Laurence ne se laisse pas enfermer dans cette nostalgie imposée : « Ce n’étaient pas mes bourrelets qui avaient du talent. C’était moi. » Une phrase cinglante, vraie, puissante. Ce n’est pas son corps qui a construit sa carrière, mais son humour, sa vivacité, son intelligence. Le reste n’est qu’une enveloppe.

Une nouvelle vie, autrement

Si elle s’éloigne de la télévision traditionnelle après avoir été écartée des Enfants de la télé, elle ne baisse pas les bras. Bien au contraire. Elle annonce son arrivée sur YouTube avec un projet décalé : « Renifler des trucs avec des gens connus. » Oui, c’est bien son idée. Un concept aussi étrange qu’amusant, typique de son humour singulier.

Là encore, Laurence montre une belle leçon : la reconversion peut être joyeuse, libre, et surtout audacieuse. Elle ne se définit plus par le regard des chaînes ou par son poids. Elle écrit sa propre histoire.

Ce que Laurence incarne aujourd’hui

Laurence Boccolini n’a jamais cherché à devenir une icône body positive. Elle n’a pas revendiqué une perfection inexistante. Elle a simplement été elle-même. Parfois mal dans sa peau, parfois fatiguée, souvent drôle, toujours sincère.

Et c’est peut-être ça, sa plus belle force. Montrer que les parcours de poids sont complexes, intimes, et ne se résument ni à une photo avant/après ni à une morale unique. Elle sait ce que c’est que de vivre dans un corps lourd, d’entendre des remarques, de se battre contre des douleurs. Elle sait aussi ce que c’est que de vouloir vivre mieux.

Son histoire n’est pas celle d’une revanche. C’est celle d’une évolution.

Une femme vraie dans un monde d’images

Dans un univers où les corps sont souvent scrutés comme des vitrines, Laurence Boccolini rappelle qu’il y a une femme derrière l’image. Une femme qui a aimé, souffert, ri, douté. Une femme qui aujourd’hui avance avec ses cicatrices et sa liberté retrouvée.

Et s’il fallait résumer sa trajectoire en une phrase, ce serait celle-ci : le talent ne pèse pas sur la balance.

Source image de couverture : https://www.instagram.com/p/ChCTWv5Iw1M/

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