Quand l’âme d’un tissu ancestral rencontre le faste d’un décor nantais : récit d’un shooting hors du commun pour Do Céu Création.
Il y a des moments que l’on garde précieusement dans une petite boîte à souvenirs, parce qu’ils condensent tout ce qui nous fait vibrer : la mode, la beauté inclusive, le patrimoine culturel et les rencontres humaines. Le shooting orchestré par Do Céu Création, la maison fondée par la talentueuse Maria, appartient sans conteste à cette catégorie de parenthèses enchantées. J’ai eu la chance et l’immense fierté d’y participer comme l’une des huit modèles invitées. Aujourd’hui, je vous ouvre les coulisses de cette journée d’exception, immortalisée dans un appartement bourgeois situé place Foch, en plein cœur de Nantes. Préparez-vous à plonger dans l’élégance africaine, de décors haussmanniens et d’émotions fortes !
Un écrin nantais à la hauteur de la vision de Maria.
Imaginez une enfilade de salons aux murs carmin, tapissés de léopard, où les moulures d’époque côtoient un mobilier Napoléon III soigneusement restauré. Aux plafonds, des lustres à pampilles diffusent une lumière chaude qui se réverbère sur les rideaux de velours rouge et les parquets patinés. C’est là, dans cet appartement classé face à la Place Foch, que Maria a choisi de sublimer sa dernière collection.
Pourquoi un décor aussi théâtral ? Parce que la créatrice nantaise aime le dialogue entre les époques. Sa mode, qu’elle qualifie elle-même de « dynamique », associe sans complexe la majesté des héritages africains à la sophistication européenne. Le lieu devait donc refléter ce métissage : chic, royal, moderne et ancestral à la fois. Pari tenu : dès que l’on franchit le seuil, l’œil se régale d’une palette de rouges profonds, d’or vieilli et de fauve, un parfait contre-chant au graphisme tellurique des tissus wax angolais.
Les artisans de la lumière : une équipe aux petits soins.
Pour capter la moindre étincelle de paillette, Maria a réuni trois photographes, chacun avec son regard singulier : Myke, adepte des cadrages artistiques ; Steffy, passionnée par les textures ; et Renalt, maître de la lumière naturelle. À leurs côtés, une maquilleuse experte en colorimétrie a travaillé des paupières fuchsia, des liners cobalt et des lèvres carmin, pour rappeler la profondeur des tentures et réveiller le teint sous les flashs. Deux assistantes, toujours munies d’épingles, de rubans et de rouleaux adhésifs, veillaient à ce qu’aucun drapé ne se froisse, qu’aucune traîne n’entrave notre allure.
Lorsque l’on pose en tant que femme ronde – et fière de l’être ! – on sait combien chaque détail compte : la position des bras, l’angle de la poitrine, la fluidité de la jupe. Grâce à cette équipe soudée, nous avons pu nous concentrer sur l’essentiel : transmettre la puissance de ces tenues qui célèbrent toutes les morphologies.
Ma robe : un dialogue entre scintillement et mémoire.
Parlons maintenant de ma pièce coup de cœur : une robe bustier dont le corsage est entièrement constellé de sequins couleur vieil or. Les paillettes captent la lumière comme mille lucioles urbaines, évoquant une nuit festive en Luanda ou à Paris ; elles dansent à chaque respiration, à chaque pas. La magie réside pourtant dans la manière dont ce haut chatoyant se prolonge : il cède la place à une jupe longue, ample, pourvue d’une traîne théâtrale, taillée dans un wax angolais à motifs traditionnels. Les carrés, triangles et volutes bruns, noirs et ivoire dessinent un damier vibrant, héritage graphique que l’on retrouve parfois peint sur les murs des maisons dans les villages de l’intérieur des terres angolaises.
Ces motifs ne sont pas de simples ornements ; ils parlent. Certains symbolisent la fertilité, d’autres la protection de l’ancêtre fondateur ou la bénédiction des esprits de la forêt. Portés sur le corps, ils deviennent un manifeste : « Je sais d’où je viens et j’écris ma route avec fierté. » Maria tient à rendre hommage à l’ensemble des cultures lusophones d’Afrique. En associant un bustier occidentalisé à un pagne ancestral, elle raconte la trajectoire sans frontière d’une femme contemporaine.
L’expérience d’un shooting inclusif.
Huit modèles, huit visions de la beauté : des tailles 36 à 54, des carnations ivoire, caramel, ébène, des chevelures crépues, bouclées, décolorées. À chaque passage devant l’objectif, nous formions un kaléidoscope vivant. Beauteronde.fr promeut depuis des années la diversité corporelle ; ce shooting en fut l’illustration parfaite.
Je me souviens encore de l’instant où Steffy m’a demandé de saisir le pan gauche de ma jupe et de l’ouvrir comme un éventail royal. Les miroirs dorés ont doublé l’amplitude du tissu ; j’avais l’impression de déployer des ailes. Plus tard, Renald m’a installée près d’une fenêtre haute, laissant filer la lumière d’hiver sur mes épaules nues. Dans le reflet, je voyais les toits d’ardoise de Nantes : contraste saisissant entre la modernité de la ville et les racines tribales du tissu wax.
Le plus beau compliment est venu d’une passante qui, du trottoir, a levé les yeux vers nous : « On dirait une reine dans son palais ! » Oui, ce jour-là, nous étions toutes reines. Merci Do Céu Création. Merci Maria !
Le rôle décisif du maquillage.
Côté make-up, Krystel nous a sublimé. Le choix d’un fard bleu électrique, légèrement étiré vers les tempes, n’était pas anodin : dans la symbolique angolaise, le bleu représente l’eau, source de vie. Porter cette couleur au plus près de ses yeux, c’est inviter le spectateur à plonger dans un regard nourricier, presque maternel. Enfin, un vernis rouge grenat, rappelait la teinte des sièges velours et des tapis persans.
Une chorégraphie orchestrée par trois objectifs.
Les photographes ne se sont pas contentés de clichés « mode ». Ils ont raconté une histoire : celle qui relie continents et générations. Myke travaillait souvent en plongée, pour laisser la jupe wax s’étaler comme un mandala. Renald, il, collait son appareil à la cascade de sequins, afin de saisir le jeu de lumière à l’échelle du fil. Steffy, enfin, profitait du moindre reflet – sur un miroir Art Déco, un tiroir en laque noire – pour insérer un fragment d’architecture napoléonienne au milieu d’un motif angolais.
En découvrant les premières photos, j’ai été frappée par la cohérence visuelle : chaque image reflète ce credo cher à Maria : « Nos racines sont notre plus belle modernité. » Qu’il s’agisse de la pose hiératique d’une modèle blonde dans un fauteuil Empire ou de mon propre reflet dédoublé dans une vitre, le message est limpide : l’élégance ne connaît ni taille, ni âge, ni frontière.
Tisser du lien, un point après l’autre.
Au-delà de la création vestimentaire, Do Céu Création défend une approche artisanale et durable. Chaque robe, de Maria, est cousue dans son atelier nantais, en séries très limitées, voire en pièces uniques. Les chutes de tissu deviennent des pochettes, des headbands, parfois même des éléments de broderie. « Rien ne se perd ; tout trouve sa place », confiait la créatrice.
Cette conscience écologique résonnait particulièrement dans l’appartement : meubles chinés, draps anciens, vaisselle vintage. Jusqu’aux tasses de thé vert que nous tenions entre deux prises, tout racontait la même histoire : celle d’un luxe responsable, où le passé éclaire l’avenir au lieu de l’alourdir.
Ce que j’emporte de cette journée.
Participer à ce shooting, c’était bien sûr enfiler une robe spectaculaire, mais c’était surtout mesurer la puissance de la sororité. Entre deux retouches, nous partagions des confidences sur nos complexes, nos victoires, notre joie de voir enfin des marques qui nous habillent sans nous déguiser. Beauteronde.fr milite depuis ses débuts pour cette visibilité ; vivre, de l’intérieur, un projet qui incarne ces valeurs est très important pour moi.
Je repars avec la conviction renouvelée que la mode peut, et doit, être un outil d’empowerment. Quand je repense à mon bustier pailleté fusionnant avec la sagesse des motifs angolais, je comprends que l’identité n’est jamais figée : elle se coud, se découd, se recoud au fil des rencontres. Porter cette création, c’était revendiquer mes formes, ma féminité, mon ouverture au monde.
C’est un pas de plus vers une mode universelle !
En refermant la porte de l’appartement place Foch, j’ai senti le froid de Mars s’engouffrer dans ma cape, mais mon cœur, lui, brûlait d’enthousiasme. Do Céu Création nous rappelle qu’il est possible de conjuguer élégance royale, héritage ancestral et modernité inclusive.
Si vous cherchez une pièce capable de raconter votre histoire tout en rendant hommage à celles de vos aïeules, je ne peux que vous inviter à découvrir le travail de Maria. Le plaisir de savoir qu’un morceau d’Afrique palpite contre votre peau : voilà la promesse de cette mode dynamique.
Et vous, prêtes à faire entrer un peu de wax angolais et beaucoup de fierté dans votre dressing ? Moi, je n’attends déjà plus que la prochaine occasion de déployer ma traîne… Peut-être, qui sait, lors d’un futur shooting encore plus grandiose ? Quoi qu’il en soit, restez à l’affût sur Beauteronde.fr : les reines que nous sommes n’ont pas fini de régner !
- Tenue : @doceu_creation
- Maquilleuse : @espritkrystallbeaute
- Lieu : @place_foch_nantes
- Photographes : @urbexb , @renald2332 et @lavieenrose.raw