La chanteuse réunionnaise Maya Kamaty revient avec un titre puissant, sensible et nécessaire : Curvy. Une chanson qui met en lumière nos corps, nos appétits, nos émotions, et cette lutte quotidienne contre les regards qui pèsent un peu trop lourd. Ce n’est pas seulement un morceau. C’est un souffle. Un appel à s’aimer. Une revendication douce, mais ferme, signée par une artiste qui connaît la valeur des mots et la force des traditions réunionnaises.
Dans l’univers musical de La Réunion, Maya Kamaty occupe une place à part. Elle porte le maloya avec une modernité tranquille, mêlant héritage familial et explorations sonores. Et avec Curvy, elle pose une nouvelle pierre dans son parcours artistique, en offrant une chanson tournée vers l’inclusivité, la fierté, et la liberté d’exister dans son propre corps.
Qui est Maya Kamaty, l’artiste derrière Curvy ?
Pour comprendre l’impact de Curvy, il faut revenir sur la carrière de Maya Kamaty. Née Maya Pounia, elle est la fille de Gilbert Pounia, figure emblématique du groupe Ziskakan. Autant dire qu’elle a grandi dans une maison où les mots créoles dansaient entre les casseroles et les guitares, et où la culture réunionnaise se vivait autant qu’elle se chantait.
En 2014, son premier album Santie papang attire immédiatement l’attention. Sa voix douce, la poésie créole, les influences pop et maloya offrent un univers frais, sensible, doucement rebelle. Elle reçoit d’ailleurs le Prix des Musiques de l’Océan Indien, preuve que son identité artistique plaît autant localement qu’à l’international.
En 2018, elle revient avec Pandiyé, un album plus introspectif, plus mature, marqué par des sonorités nuancées et une écriture fine. Maya y explore les émotions, les racines et la place des femmes. Sa musique évolue sans jamais perdre son âme. Elle avance, fière et libre, comme un tambour maloya qui ne s’éteint jamais.
Avec Curvy, elle continue cette trajectoire sincère. Et cette fois, elle met la lumière sur les corps, les jugements et la liberté d’être soi.
Pourquoi Maya Kamaty a écrit Curvy ?
Dans une interview accordée au Quotidien, Maya explique que Curvy est née d’un constat simple et universel : le jugement sur les corps est devenu une respiration socialement admise. À La Réunion, la nourriture est un lien très fort. On se retrouve en famille, entre dalon·nes, autour d’un cari fumant ou d’un gâteau patate encore tiède. C’est une célébration du partage, de l’amour et des racines.
Mais derrière la convivialité, un petit commentaire peut tomber comme un coup de vent froid.
« Ressers-toi… ou la grossi un peu non ? »
Ces mots s’installent en douce, toujours sous couvert d’humour ou de “préoccupation”. Pourtant, ils blessent. Ils s’accumulent. Et ils suivent les personnes jusque sur scène, jusque dans les miroirs, jusque dans la peau.
Maya le dit clairement : manger léger ne rend pas quelqu’un meilleur, et aimer bien manger ne veut pas dire se négliger. Le problème n’est pas dans l’assiette. Il est dans le regard que l’on pose sur celles et ceux qui ne rentrent pas dans une norme trop étroite.
Curvy, c’est sa réponse.
Un cri du cœur.
Un hymne pour toutes les personnes “non skinny”, celles qu’on dévalorise parce qu’elles prennent de la place, parce qu’elles osent vivre pleinement, danser, créer, aimer, exister.
Un message body positive et profondément réunionnais
La force de Curvy, c’est qu’elle ne se contente pas d’être body positive. Elle est aussi ancrée dans la culture réunionnaise. La cuisine, la famille, la scène, le regard social : tout se croise dans cette chanson. Maya Kamaty ne parle pas seulement de corps. Elle parle d’identité, de traditions, de ce lien sacré entre nourriture et amour à La Réunion.
Et elle le fait avec une voix qui apaise autant qu’elle réveille.
Dans Curvy, Maya appelle à aimer nos formes, nos goûts, nos appétits, nos émotions. Elle refuse la culpabilité. Elle invite chacun à réhabiliter son propre corps comme un espace sacré. À revendiquer sa courbe. À cesser les excuses. À dire “stop” au jugement.
Le refrain sonne comme une main tendue.
Une main ferme, mais bienveillante.
Une main qui dit :
« Viens, on s’aime. Sans filtre. Sans honte. Sans cacher la moindre parcelle de ce qu’on est. »
Pourquoi Curvy a toute sa place ?
Parce que Maya Kamaty rappelle quelque chose que les femmes rondes savent trop bien : le regard des autres peut être lourd, mais il n’a pas le dernier mot. Parce qu’elle offre une chanson qui libère, qui rassure, qui motive. Parce qu’elle parle de nourriture sans tabou, de partage, de traditions, et que tout cela fait partie de notre beauté.
Curvy est un morceau qui tombe juste.
Il parle de liberté.
Il parle de vérité.
Il parle de nous.
Avec cette chanson, Maya Kamaty donne au monde un message clair : les corps ne sont pas faits pour être jugés. Ils sont faits pour être vécus. Et plus encore, aimés.
Libre. Fier. Vivant.
Et, oui… curvy.









