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La série Mercredi, réalisée par Tim Burton et diffusée sur Netflix, a offert un vent de fraîcheur à l’univers gothique des Addams. Avec ses décors sombres, son héroïne ténébreuse et son intrigue mordante, elle a conquis un public large, attaché autant au style qu’au fond. Mais au cœur de cette atmosphère étrange et envoûtante, deux figures masculines sortent du lot : Gomez Addams et Oncle Fétide. Deux personnages ronds, charismatiques, profondément aimants — et surtout jamais moqués pour leur apparence. Une rareté qui mérite d’être célébrée.

Gomez Addams : un homme rond, amoureux et élégant

Dans cette nouvelle adaptation, c’est l’acteur Luis Guzmán qui endosse le rôle de Gomez, le célèbre patriarche de la famille Addams. Un choix qui a fait grincer quelques dents, surtout chez les nostalgiques des films des années 90, où Gomez était incarné par Raul Julia, séducteur svelte au regard intense. Mais ce retour aux origines est bien plus cohérent qu’il n’y paraît.

Luis Guzmán est un homme corpulant, de petite taille, avec un visage expressif, un sourire tendre et un regard allumé. Il ne cherche pas à coller aux standards de beauté hollywoodiens. Il incarne un homme qui aime follement sa femme, respecte ses enfants, et porte ses rondeurs avec une dignité silencieuse.

Ce Gomez-là ne cherche pas à séduire à tout prix. Il séduit par sa sincérité, sa fidélité, sa sensibilité. Il est touchant, drôle, parfois un peu maladroit, mais toujours authentique. Et ce qui le rend encore plus remarquable, c’est que son corps n’est jamais mis en scène comme un problème. Il ne sert ni à faire rire, ni à susciter la pitié. Il est juste là, visible, aimé, et respecté. Tout simplement.

Un retour aux sources audacieux

Ce choix de casting est aussi une manière de rendre hommage à la première version de Gomez, celle des dessins originaux de Charles Addams. À l’époque, Gomez était représenté comme un homme trapu, rondouillard, un peu grotesque mais extrêmement charmant, avec une passion dévorante pour Morticia. Le Gomez de Luis Guzmán est donc plus fidèle à cette version que ses prédécesseurs à l’écran.

Mais cette fidélité n’est pas que physique. Elle est aussi émotionnelle. On retrouve ce lien fusionnel avec Morticia, ce besoin d’être proche, de la toucher, de la chérir. Gomez n’a pas peur de montrer son amour, ni son cœur tendre. Et ses rondeurs ne viennent jamais troubler cette représentation. Au contraire, elles participent à sa chaleur humaine, à son ancrage terrestre, à sa sensualité pleine de vie.

Gomez est un homme rond, vivant, et follement amoureux. Un personnage masculin qui assume ses sentiments, sa fragilité, son excentricité. Un modèle rare dans les fictions contemporaines.

Oncle Fétide : libre, étrange… et dodu

Et puis il y a Fétide, le frère de Gomez, incarné par Fred Armisen. Fidèle à l’image qu’on garde de lui, Fétide est trapu, chauve, rond, vêtu de noir, avec cette étrange aura d’outsider génial. Il arrive dans la série comme une tornade, drôle, imprévisible, un peu inquiétant… mais aussi profondément touchant.

Fétide ne correspond à aucun code. Il est à part, unique, et totalement assumé. Son corps, rond et lourd, ne l’empêche jamais d’être agile, vif, voire même un peu acrobatique. Il sait disparaître, réapparaître, se battre, faire rire. Il bouge sans gêne, occupe l’espace, parle avec les mains, roule des yeux, se penche, rit, court, vit. Et il est dodu. Très dodu.

Mais comme pour Gomez, aucune moquerie n’est faite sur son poids. Aucun regard en coin. Aucun gag physique pesant. Fétide est là, entier, complexe, farfelu… et respecté.

Un corps comique ? Non, un corps libre

La série aurait pu tomber dans la facilité : faire de Fétide un clown corporel, à l’ancienne. Elle ne l’a pas fait. Elle le montre drôle, mais jamais ridicule. Étrange, mais jamais bête. Il est un homme à part, un électron libre, un fou sage au grand cœur. Et son corps ne le définit pas. Il fait partie de lui, comme ses pouvoirs électriques ou sa voix de crapaud amoureux.

Ce que Mercredi réussit avec Fétide, c’est de montrer qu’un corps obèse peut être porté avec fluidité, joie, énergie. Que les rondeurs ne sont pas un frein à l’action. Qu’on peut être dodu et mobile. Dodu et courageux. Dodu et drôle, sans que le rire ne vienne de la taille du pantalon.

Une dynamique familiale inclusive

Ce qui rend encore plus touchants les personnages de Gomez et Fétide, c’est leur place dans la famille. Ils ne sont pas marginalisés. Au contraire, ils sont aimés, écoutés, considérés.

  • Gomez est le pilier affectif de la cellule familiale.
  • Fétide est le joyau excentrique, un tonton un peu étrange mais précieux.
    Tous deux sont respectés par Mercredi, qui n’est pas exactement connue pour sa tendresse… mais qui les accueille, les accepte, et les protège.

Cette dynamique est rare à l’écran. Trop souvent, les hommes obèses sont des pères incapables ou des oncles lourdauds. Ici, ils sont affectueux, présents, et parfois même les plus lucides du clan.

Un message fort, même s’il est discret

La série ne fait pas de ces corps une revendication militante. Mais leur présence, naturelle, non questionnée, non moquée, est déjà en soi une prise de position. Elle dit :

« Tu peux avoir du ventre, des joues, des épaules larges, et être aimé. Tu peux avoir une silhouette hors norme, et être respecté. »

C’est discret, mais puissant.
Pas besoin de discours. Il suffit d’un regard de Morticia. D’une étreinte. D’une réplique de Fétide.
Et le message passe.

Deux hommes, deux corps, une leçon d’acceptation

Dans l’univers sombre et farfelu de Mercredi, Gomez et Fétide brillent par leur humanité. Ils sont ronds, oui. Mais surtout : ils sont entiers. Sensibles. Aimés. Amusants. Mémorables.

Ils montrent que les corps masculins ronds ont toute leur place à l’écran, sans devoir servir de ressort comique ou de caricature. Et ça, c’est rare. Et précieux.

On espère voir davantage de représentations comme celles-ci. Des personnages bien écrits, portés par des acteurs qui ne rentrent pas dans les cases habituelles. Des hommes ronds qui ne s’excusent pas d’exister. Qui aiment, rient, vivent, et inspirent.

Parce que oui : dans le monde étrange de Mercredi, ce sont parfois les plus dodus qui portent les plus belles leçons de vie.

Image de couverture par IA

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