Pendant longtemps, en Europe occidentale, le corps rond a été regardé à travers une seule lentille : celle de la minceur comme idéal. Pourtant, ailleurs dans le monde, les formes sont un symbole de beauté, de pouvoir, d’amour et même de spiritualité.
Ces cultures nous offrent une véritable leçon d’inclusivité et rappellent que les standards de beauté ne sont pas universels.
Pourquoi regarder ailleurs change notre regard sur le corps rond ?
Changer de perspective, c’est aussi changer de définition de la beauté. Quand on observe d’autres sociétés, on découvre que ce qui est vu ici comme “hors norme” peut, ailleurs, être une fierté. Les corps ronds sont célébrés, mis en valeur, honorés.
Cette diversité culturelle rappelle que notre rapport au corps est une construction sociale, pas une vérité figée.
En Afrique, les formes sont synonymes de richesse et de santé
Dans de nombreux pays africains, un corps généreux est perçu comme un signe de prospérité et d’abondance. Il raconte une histoire : celle d’une personne bien nourrie, en bonne santé et entourée.
Au Nigeria, au Ghana ou encore au Cameroun, les femmes aux formes voluptueuses sont traditionnellement considérées comme particulièrement belles. Ce n’est pas seulement une question d’esthétique, c’est une manière de célébrer la vie. Dans certaines cérémonies, les femmes rondes sont même invitées à danser en tête de cortège, symbole de chance et de fécondité.
Dans les zones rurales du Sénégal, par exemple, certaines familles considèrent encore qu’une jeune femme “bien en chair” est prête pour le mariage. Là-bas, le corps rond n’est pas caché : il est paré, dansé, montré. C’est un atout, pas un défaut.

Polynésie : le corps rond comme beauté naturelle
Sur les îles polynésiennes, notamment à Tahiti, les formes sont souvent associées à la sensualité et à l’harmonie avec la nature. Les femmes aux corps pulpeux sont représentées dans de nombreux motifs traditionnels, dans l’art et les danses locales.
Dans les spectacles de danse tahitienne, les hanches généreuses accompagnent le rythme du tambour avec une élégance naturelle. Ce mouvement n’est pas seulement esthétique : il raconte une identité culturelle. Être ronde, ici, n’exclut pas ; cela relie au patrimoine.
Ce rapport positif au corps vient aussi d’une vision collective : l’idée que chaque corps a sa place, qu’il est l’expression d’un lien entre l’humain et la terre. La minceur n’est pas glorifiée : la vitalité, oui.
L’Inde ancienne : des déesses aux courbes divines
Si l’on plonge dans l’histoire de l’Inde, on découvre des statues, des fresques et des poèmes qui célèbrent des femmes aux formes rondes. Les déesses hindoues sont souvent représentées avec des hanches larges, des ventres doux et des poitrines pleines. Ces courbes sont synonymes de féminité, de fertilité et de puissance.
Dans la danse classique indienne, ces silhouettes sont mises en valeur par des vêtements fluides et des bijoux qui accentuent les mouvements. Le corps n’est pas contraint, il est sublimé.
Même si les normes contemporaines ont évolué sous l’influence de l’Occident, cette imagerie ancestrale demeure dans l’inconscient collectif. Elle rappelle qu’avant les régimes, les filtres et les tailles standardisées, les courbes étaient vues comme le reflet du divin.

Europe d’antan : quand les rondeurs faisaient rêver
Il suffit de remonter quelques siècles pour voir que l’Europe aussi a longtemps valorisé les corps ronds. Les portraits de femmes peintes par Peter Paul Rubens ou Titien témoignent d’un idéal féminin loin des diktats modernes.
Les femmes aux hanches généreuses et aux bras potelés étaient considérées comme nobles, séduisantes et pleines de vitalité. Ce corps était signe de bonne santé, donc de capacité à donner la vie et à prospérer. L’idéal de minceur est une invention bien plus récente, liée à l’industrialisation, aux médias modernes et aux codes de la mode.
En revisitant notre propre passé, on comprend mieux que les standards ne sont pas immuables. Ce qui est jugé “trop” aujourd’hui était “parfait” hier.
Amérique Latine : les formes comme affirmation de soi
Dans plusieurs pays d’Amérique Latine, les formes sont célébrées ouvertement. Au Brésil, les fesses rebondies sont une fierté nationale. À Cuba ou en Colombie, les danses mettent en avant le mouvement des hanches, la sensualité, la puissance féminine.
Ces corps ne sont pas cachés. Au contraire, ils sont vêtus de tenues moulantes, mis en scène dans la musique, la danse et les arts populaires. Dans les concours de beauté locaux, les femmes rondes sont souvent mises en avant comme représentantes de la beauté “authentique”.
Cette culture de l’acceptation n’est pas parfaite, mais elle a un mérite : elle montre que la rondeur peut être source de confiance et non de honte.

Un regard moderne : le contraste avec l’Occident
Alors que de nombreuses cultures célèbrent ou ont célébré les formes, le monde occidental a peu à peu imposé un idéal de minceur extrême. Ce modèle unique a façonné la mode, les médias, le cinéma et les réseaux sociaux.
Mais ce standard commence à s’effriter. De plus en plus de voix s’élèvent pour rappeler que la diversité corporelle est une richesse. Ce qui était perçu comme “différent” redevient visible, valorisé.
Les mouvements bodypositifs et body neutralité ont permis de rouvrir la discussion. Et les cultures qui, depuis toujours, honorent les courbes, nous montrent la voie.
Les Inuits et la beauté de la force tranquille
Chez les Inuits, dans les régions polaires, les corps ronds sont associés à la survie. Historiquement, avoir des réserves corporelles était vital dans un environnement rude et froid. Ce n’était pas une question de mode, mais de respect pour le corps capable de résister aux éléments.
Les femmes rondes étaient perçues comme fortes, solides, dignes de confiance. Elles symbolisaient la stabilité de la communauté. Même si les sociétés ont évolué, cette vision ancestrale demeure dans certaines traditions orales.

Les leçons d’inclusivité que nous offrent ces cultures
Première leçon : la beauté est culturelle. Elle change selon les époques, les lieux, les valeurs. Elle n’est jamais figée.
Deuxième leçon : le corps rond peut être symbole de force, de santé, de féminité et même de spiritualité. Il n’y a rien à cacher.
Troisième leçon : l’inclusivité ne naît pas d’une injonction. Elle s’enracine dans une manière de voir le monde. Dans les sociétés où la rondeur est célébrée, les vêtements, les danses et les arts sont conçus pour valoriser chaque corps. Ce n’est pas le corps qui s’adapte au monde, c’est le monde qui s’adapte au corps.
Quand la mode s’inspire de ces visions
Dans la mode contemporaine, certaines marques puisent déjà dans ces héritages culturels pour célébrer la diversité corporelle. Des créateurs s’inspirent des silhouettes voluptueuses polynésiennes, des vêtements fluides indiens ou encore de l’énergie latine pour créer des collections qui habillent et révèlent.
Cela permet d’ouvrir le champ des possibles. Quand une robe épouse les formes au lieu de les contraindre, quand une danse les célèbre au lieu de les cacher, alors la perception sociale évolue.

Un changement de regard commence par la curiosité
S’intéresser à d’autres cultures n’est pas une simple évasion. C’est une façon de décentrer le regard. Cela nous permet de nous réapproprier notre corps autrement.
Voir que des femmes qui nous ressemblent sont célébrées ailleurs, qu’elles sont mises au centre des fêtes, de l’art ou de la beauté, c’est une révélation douce et puissante.
C’est aussi une manière de se libérer de l’idée que notre corps doit correspondre à une norme unique. Il n’y a pas de “mauvais corps” : seulement des regards différents.
Ce que cela change dans nos vies
Quand on comprend que la minceur n’est pas universelle, quelque chose se relâche en nous. Une pression s’allège. On peut alors s’autoriser à aimer son reflet, ses courbes, sa présence.
Les formes ne sont pas une faute. Elles sont une histoire, une identité, une richesse. Comme en Afrique, en Polynésie, en Inde ou en Amérique Latine, elles peuvent devenir un motif de fierté.
Vers une beauté plurielle
La beauté n’a jamais été unique. Elle a été plurielle, multiple, diverse, riche. L’uniformisation des standards est une parenthèse. La pluralité, elle, est la règle.
Redonner sa place au corps rond dans notre regard collectif, c’est renouer avec cette pluralité. C’est accepter que chaque silhouette a sa grâce, sa légitimité, sa puissance.
Une invitation à célébrer les formes
Regarder comment le corps rond est perçu dans d’autres cultures, c’est comme ouvrir une fenêtre sur un monde plus doux. Un monde où les hanches ne sont pas à camoufler, mais à danser. Où les ventres ronds ne sont pas honteux, mais signe de vie. Où la beauté est un langage universel aux mille accents.
Cette leçon d’inclusivité nous appartient aussi. Elle commence par une simple phrase : “Mon corps est beau.”
Et elle se prolonge dans nos choix, nos mots, notre manière de marcher dans le monde.
Images par IA