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À force d’entendre des blagues sur les « gros qui mangent trop », on finit par ne plus les remarquer. La grossophobie s’est glissée dans les films, la pub, les conversations de famille. Elle est devenue un bruit de fond si constant qu’on n’y prête plus attention. Et pourtant, comme le rappelle Nympheann, photographe engagée récemment installée à Nantes, ce bruit blesse, exclut, et finit par conditionner tout notre regard sur le monde.

Mais alors, comment arrêter d’être grossophobe dans une société qui l’est, presque par réflexe ?

Pourquoi sommes-nous tous un peu grossophobes ?

La vidéo de Nympheann commence fort : « La grossophobie, c’est un paramètre par défaut dans la société blanche. »
Et ce n’est pas une exagération. Le culte de la minceur, si valorisé, vient de croyances anciennes, liées au racisme et au classisme. Être « mince », c’était se distinguer du corps jugé sauvage, pauvre ou paresseux.

Notre cerveau, comme le rappelle la créatrice, est un élastique. Il s’adapte à ce qu’on lui montre depuis l’enfance : des princesses minces, des héros musclés, et des personnages gros caricaturaux, souvent ridiculisés ou présentés comme faibles.

On ne naît donc pas grossophobe : on le devient par habitude. Et c’est justement cette habitude qu’il faut désapprendre.

@nympheann Réponse à @cystiecystie comment déconstruire sa grossophobie #pourtoi #plussize #grosse #grossophobie #déconditionnement ♬ son original – nympheann

Repérer la grossophobie autour de soi

Le premier pas pour arrêter d’être grossophobe, c’est d’ouvrir les yeux.
Regarde les films, les publicités, les livres. Que voient-ils quand ils montrent une personne grosse ?

Souvent, c’est une figure comique. Le personnage gros, c’est celui qui tombe, qui mange sans retenue, qui fait rire parce qu’il transpire ou s’essouffle.
Dans les histoires, le corps rond est rarement héroïque. On parle de Gargantua, symbole de l’excès, du capitalisme, du ridicule.

Et même dans les représentations religieuses, on a associé le gras à la gourmandise, au vice. Pourtant, comme le souligne Nympheann, ce sont souvent les personnes les plus précaires qui subissent la faim, les régimes déséquilibrés, le stress… et donc le poids du jugement.

Regarder autrement, c’est déjà dénouer le conditionnement.

Prendre conscience de ses pensées automatiques

Deuxième étape : écouter ses propres pensées.
Quand tu vois une personne grosse dans la rue, qu’est-ce qui te traverse l’esprit ? Pitié ? Curiosité ? Jugement ?

Ces pensées n’arrivent pas par hasard. Ce sont des réflexes appris.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut les désamorcer.

La prochaine fois qu’une idée négative surgit – « elle doit mal manger », « il ne fait pas de sport » –, arrête-toi.
Demande-toi : pourquoi je pense ça ? d’où ça vient ?

Puis remplace cette pensée par une vérité simple :
Non, cette personne n’a pas moins de valeur.
Non, le poids ne dit rien de sa santé.
Non, la beauté n’a pas de taille.

Petit à petit, ton cerveau va s’habituer à ce nouveau logiciel mental.

Changer ce que l’on consomme

Ce que tu regardes, lis et suis sur les réseaux a un pouvoir immense.
Si tu veux arrêter d’être grossophobe, il faut nourrir ton cerveau autrement.

Abonne-toi à des créatrices grosses et fières, comme Nympheann justement, ou encore des comptes qui parlent de bodypositivisme et de diversité corporelle.
Regarde des films où les femmes rondes existent autrement que comme faire-valoir.
Écoute des podcasts qui questionnent les normes.

Et surtout, fais le tri : désabonne-toi des influenceurs qui vendent la minceur comme un objectif de vie, des magazines qui titrent « avant/après régime », ou des marques qui ne proposent qu’un 38.

Ton regard changera avec ce que tu choisis de voir.

Écouter et croire les personnes grosses

Souvent, on pense « comprendre » la grossophobie sans l’avoir vécue.
Mais c’est en écoutant les personnes concernées qu’on apprend le plus.

Quand une femme ronde parle d’humiliation, d’exclusion médicale, ou de remarques au travail, ce n’est pas une exagération. C’est une réalité quotidienne.
Croire leur parole, c’est déjà reconnaître leur humanité.

Et si tu veux aller plus loin, parle de grossophobie autour de toi.
Pas pour accuser, mais pour sensibiliser.
Une conversation peut parfois allumer une étincelle de conscience chez quelqu’un d’autre.

Remplacer le jugement par la curiosité

Le réflexe grossophobe, c’est de réduire une personne à son corps.
Mais chaque être humain est une histoire, un parcours, un mélange de joie et de douleur.

Apprends à observer les gens sans les juger.
Pose-toi des questions : qu’est-ce que cette personne aime faire ? comment se sent-elle aujourd’hui ?
Cela t’obligera à la voir autrement — au-delà du poids.

Et surtout, ne te blâme pas si tu te surprends encore à juger.
Déconstruire, c’est long.
C’est comme un muscle : plus on l’exerce, plus il devient fort.

La déconstruction, un acte d’amour

Au fond, arrêter d’être grossophobe, ce n’est pas un acte de morale, c’est un acte d’amour.
De respect pour soi, d’abord — parce qu’on ne peut pas aimer les autres si on se déteste à travers eux.
Et d’amour des autres — parce qu’en sortant du mépris, on retrouve la compassion.

La grossophobie n’est pas une fatalité.
Elle est apprise, donc elle peut être désapprise.

En suivant des personnes comme Nympheann, en lisant, en écoutant, en observant, on rééduque son regard.
Et peu à peu, ce regard devient plus juste, plus doux, plus humain.

Nantes, ville d’ondes bienveillantes

Voir Nympheann s’installer à Nantes, c’est un joli symbole.
Cette ville, déjà si ouverte à la créativité et à la diversité, accueille une voix forte qui rappelle que les corps ronds méritent la lumière.

Alors oui, on peut changer.
On peut réapprendre à regarder les autres — et soi-même — sans haine, sans comparaison, sans moquerie.

Et si tu te demandes par où commencer, fais simple :
écoute, observe, remets en question, et aime.
C’est tout le chemin pour arrêter d’être grossophobe.

Source image de couverture : https://www.instagram.com/p/DNi2F5ZChqM/?img_index=1

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