Il y a des magazines qui se contentent de parler de mode. Et puis il y a ceux qui assument une mission plus grande, presque sacrée : redonner une place digne à des corps longtemps oubliés. BODI XL Magazine fait partie de cette deuxième famille. De celle qui avance avec cœur, caméra en main, et une vision claire : célébrer les femmes rondes, jamais les exploiter.
L’histoire du magazine commence de façon simple, presque traditionnelle : un couple, une passion partagée, et un vrai sens de l’observation. Ricardo et Jerae Broughton, mari et femme dans la vie, forment un duo où chacun nourrit le talent de l’autre. Elle, blogueuse plus size, avait déjà l’œil affûté et l’expérience du terrain. Lui, photographe, voyait à travers son objectif ce que beaucoup refusent encore de regarder en face : la puissance sensuelle, noble et intemporelle des corps ronds.
Un jour, ils prennent conscience qu’il manque quelque chose dans l’industrie. Pas une petite chose, non. Une brèche béante dans laquelle s’engouffrent jugements rapides, clichés poussiéreux et visions ringardes du corps féminin. Ils décident alors d’agir.
C’est ainsi qu’est né BODI XL Magazine, porté par une idée forte qui sonne comme un vieux serment : « Celebration, not exploitation. »
Un crédo simple. Solide. Et franchement salutaire.
D’où vient BODI XL Magazine ? Un projet construit avec respect
Le magazine est basé aux États-Unis, pays où la mode plus size progresse mais où les combats restent nombreux. Dès le départ, Ricardo et Jerae veulent rompre avec la représentation torse baissé, caméra en contre-plongée, comme si les femmes rondes n’étaient faites que pour des caricatures.
Ici, la vision est différente. Plus noble. Plus droite.
Il s’agit de montrer la femme ronde comme une femme à part entière. Une femme qui prend la lumière, qui porte la mode, qui inspire.
Le magazine s’inscrit dans une esthétique moderne où la sensualité ne rime jamais avec voyeurisme. On est dans la dignité, la classe, une forme d’élégance qui rappelle les portraits de studio d’autrefois… mais dépoussiérés, revisités, assumés.
Quel contenu trouve-t-on dans BODI XL Magazine ?
Le cœur du magazine, c’est évidemment l’image. Des shootings réalisés avec soin, une mise en scène forte, un ton clair : montrer la beauté des corps ronds, pas comme une exception, mais comme une norme parmi d’autres.
Mais BODI XL Magazine ne se limite pas aux photos.
Le contenu est varié :
- Portraits et interviews de femmes inspirantes
- Mise en avant d’influenceuses plus size
- Éditoriaux mode avec looks modernes, sets travaillés, textures nobles
- Réflexions sur la représentation du corps, l’inclusivité, l’estime de soi
- Espaces dédiés aux lectrices, via hashtags et soumissions de photos
Le magazine fonctionne comme une grande maison ouverte. Une maison où chacune peut entrer, laisser un mot, poser pour un numéro, ou simplement se reconnaître dans une page.
Pour beaucoup, BODI XL Magazine sert de miroir bienveillant.
Un miroir qui ne juge pas.
Un miroir qui dit « Tu es là. Et tu as toute ta place. »
Pourquoi ce magazine est important pour la communauté plus size ?
Parce que les images façonnent notre vision du monde, mais aussi la vision que l’on a de soi. Une femme ronde qui ne voit jamais son corps représenté avec respect, désirabilité et force finit souvent par douter d’elle-même.
BODI XL Magazine vient briser cette solitude visuelle.
Ce qu’il offre, ce n’est pas seulement un shooting esthétique.
C’est une validation symbolique, presque culturelle. Un rappel que la beauté n’est pas une taille mais une présence, une âme, un port de tête.
Et ce travail est nécessaire. On le voit chaque jour dans les discussions, dans les difficultés de s’habiller, dans les regards insistants, dans les remarques non sollicitées. Les femmes rondes n’ont jamais manqué de beauté. Elles ont seulement manqué de représentation.
BODI XL Magazine, lui, répond présent.
Le fonctionnement du magazine et son lien avec la communauté
Le magazine se renouvelle régulièrement avec des issues (numéros) disponibles en version physique et digitale.
La communauté peut :
- acheter les numéros depuis le site officiel
- suivre le magazine sur Instagram
- participer via des hashtags dédiés
- proposer des photos pour figurer dans une prochaine publication
Cette approche participative donne une dimension profondément humaine au projet.
On n’est pas dans un magazine élitiste qui sélectionne trois mannequins par an.
On est dans un espace vivant, où la diversité des corps et des histoires devient une richesse.
Un impact réel dans l’industrie
Même s’il ne prétend pas révolutionner le monde de la mode du jour au lendemain, BODI XL Magazine fait ce que beaucoup n’osent pas faire : mettre des femmes rondes au centre de l’image.
Pas en marge, pas comme un dossier spécial, pas comme une exception.
Mais comme un sujet lumineux.
Cette normalisation est un acte puissant.
Un acte politique sans cris ni pancartes.
Un acte artistique qui parle à l’âme avant de parler à la taille.
Dans une époque où le body positive est parfois récupéré pour faire joli dans une campagne marketing, BODI XL Magazine reste un espace vrai, sincère, avec une direction artistique qui ne renie jamais ses valeurs.
Mon avis personnel
Je dois le dire : j’applaudis vraiment ce type d’initiative. Un magazine 100 % curvy, c’est quelque chose qui manquait depuis longtemps, et je suis heureuse qu’il existe enfin un média qui met à l’honneur les femmes rondes avec autant de visibilité. Rien que pour ça, BODI XL Magazine mérite d’être salué.
Mais en même temps, je suis un peu partagée. Certains clichés me semblent beaucoup trop hot, parfois même vulgaires. Pour moi, il n’y a pas besoin de tout montrer pour célébrer un corps rond. Pas besoin d’être constamment déshabillée pour être belle. J’ai toujours pensé que la beauté passe par l’élégance, par la façon de se tenir, par le style, par l’attitude. On peut être chic, sensuelle, puissante… tout en étant un peu plus habillée.
Du coup, je reste mitigée sur le contenu. J’aime l’intention, j’aime l’existence même du magazine, j’aime la place qu’il donne aux femmes rondes. Mais je regrette parfois ce choix de tout dévoiler. Malgré tout, je suis contente qu’un média comme celui-ci existe, parce qu’il ouvre une porte, il crée de la représentation, et il rappelle que nos corps méritent d’être vus — et respectés.









