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En Mauritanie, la beauté ne se mesure pas en centimètres de taille, mais en rondeurs. Là-bas, un corps pulpeux symbolise la prospérité, la féminité et la douceur. Une perception bien différente du modèle occidental, où la minceur règne encore souvent comme un idéal. Pourtant, derrière cet attachement à la corpulence féminine, se cache une réalité complexe, entre fierté culturelle et pression sociale.

La rondeur comme symbole de beauté et de richesse

Pendant des siècles, la Mauritanie, pays saharien marqué par le nomadisme et la vie dans le désert, a associé la rondeur féminine à la richesse. Une femme bien en chair signifiait que sa famille avait les moyens de la nourrir abondamment et qu’elle n’était pas contrainte de travailler au soleil.
Dans une société où les conditions de vie étaient dures, avoir du poids était un signe de réussite sociale. On disait qu’une femme ronde apportait chance et prospérité à son foyer.

Ce modèle reste profondément ancré dans certaines mentalités rurales. Là où l’Occident glorifie la minceur, la Mauritanie a longtemps célébré les courbes. Une femme trop mince y était parfois considérée comme malade, voire malheureuse.
Cette valorisation du corps généreux s’accompagne d’un regard tendre : les formes sont synonymes de beauté, de féminité assumée, et d’un certain idéal romantique.

Le « leblouh » : une tradition controversée

Mais derrière cette glorification du corps rond se cache une pratique ancienne et aujourd’hui très critiquée : le leblouh, ou le gavage des jeunes filles.
Dès l’enfance, certaines sont forcées à ingurgiter d’énormes quantités de nourriture : lait de chamelle, couscous, dattes, beurre pour prendre du poids rapidement. L’objectif : atteindre le corps idéal avant le mariage.

Les mères, souvent animées par le désir de bien faire, veillent à ce que leurs filles soient « prêtes » à séduire un futur époux. Dans certaines régions, des chants traditionnels accompagnent le gavage, comme pour en atténuer la dureté. Mais les conséquences, elles, sont bien réelles : douleurs, vomissements, troubles digestifs, et plus tard, diabète, hypertension ou maladies cardiaques.

Le leblouh est aujourd’hui condamné par les autorités mauritaniennes et les ONG locales, qui y voient une atteinte grave aux droits des filles. Pourtant, cette pratique subsiste encore, notamment dans les zones rurales reculées, où les traditions demeurent plus fortes que les lois.

@decouvertesdumonde2 #reportage #decouverte #fyp #pourtoiii #mauritania ♬ son original – decouvertesdumonde2

La parole des femmes mauritaniennes : entre fierté et remise en question

Dans les grandes villes comme Nouakchott ou Nouadhibou, les choses changent. Les jeunes femmes sont plus connectées, exposées aux réseaux sociaux et à d’autres modèles de beauté.
Beaucoup d’entre elles revendiquent désormais le droit de choisir leur corps, sans devoir le modeler selon les attentes des hommes ou de la société.

Certaines continuent de revendiquer la fierté de leurs formes, refusant d’y voir un problème. Elles affirment que les courbes font partie de leur identité culturelle et qu’elles ne devraient pas être honteuses.
D’autres, au contraire, dénoncent la pression du leblouh et le poids du regard familial.
Ce débat interne illustre bien la complexité du rapport au corps en Mauritanie : une tension entre héritage culturel et désir de liberté personnelle.

Quand les médias s’en mêlent

Ces dernières années, plusieurs campagnes médiatiques ont vu le jour pour sensibiliser à cette question.
Des documentaires comme « Le Gavage des Filles » de la réalisatrice mauritanienne Laila Ould Tfeil ont mis en lumière la violence de la pratique.
Les réseaux sociaux, eux aussi, jouent un rôle clé : des influenceuses mauritaniennes parlent ouvertement du leblouh, des troubles alimentaires et de la liberté corporelle.

Le pays vit ainsi une transition culturelle : la jeune génération admire à la fois les mannequins pulpeuses africaines qui assument leurs formes, et les modèles plus athlétiques venus d’Occident. La beauté devient plus plurielle, moins codifiée.
C’est une évolution lente, mais réelle… Une quête d’équilibre entre tradition et modernité.

@spoilmvn En Mauritanie, un rituel ancestral contraint les jeunes filles à ingérer beaucoup de nourriture pour gagner en rondeur, considérée comme signe de beauté et richesse. Ce processus, dirigé par la "gaveuse", perdure dans les régions éloignées malgré les dangers pour la santé. Certaines femmes se battent contre cette tradition et une évolution se dessine avec la jeune génération rejetant les normes traditionnelles de beauté centrées sur l'obésité. #reportage #mauritanie #femme #beauté #grossir #grosse #culture #pourtoi ♬ son original – KDO

Être ronde par choix, non par contrainte

L’idée centrale de ce débat n’est pas de condamner la rondeur, bien au contraire. Elle est belle, puissante, et profondément enracinée dans l’histoire du pays.
Mais ce que beaucoup de Mauritaniennes réclament aujourd’hui, c’est le choix.
Elles veulent être libres d’être rondes ou minces, sans que cela définisse leur valeur.

Dans les rues de Nouakchott, on croise de plus en plus de femmes qui adoptent des modes de vie plus équilibrés. Non pas pour correspondre à un standard étranger, mais pour se sentir bien. Sacahnt que les rondeurs restent toujours autant appréciées.
La beauté n’est plus une obligation : elle devient une expression personnelle.

Un regard différent sur la beauté dans le monde

L’histoire mauritanienne rappelle une vérité universelle : la beauté est culturelle.
Ce qui est perçu comme idéal ici peut être rejeté ailleurs.
L’important, c’est de se libérer des injonctions liées au corps.

En valorisant les formes, la Mauritanie offre un contrepoint intéressant au modèle dominant. Mais le véritable progrès, c’est de permettre à chaque femme de s’aimer dans son corps, quel qu’il soit.
Et peut-être que, dans ce pays du désert, où la lumière du soleil dore les peaux et réchauffe les cœurs, naît une nouvelle génération de femmes prêtes à redéfinir la beauté, à la fois fières de leur héritage et maîtresses de leur destin.

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Et aujourd’hui ?

Le gouvernement mauritanien et plusieurs associations féminines mènent des actions concrètes : campagnes d’information, soutien psychologique aux victimes du leblouh, ateliers sur la nutrition et la santé.
Mais au-delà des chiffres, le changement passe par l’éducation.
Plus les jeunes filles sont scolarisées, plus elles osent refuser la contrainte et affirmer leur droit à disposer de leur corps.

Le pays avance lentement, certes, mais sûrement.
Et peut-être qu’un jour, la rondeur ne sera plus un devoir ni un symbole de statut, mais simplement un choix libre et assumé.

Image de couverture par IA

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