Imaginez-vous en train de préparer votre grand départ vers les terres américaines : valise bouclée, rêves plein la tête, espoir en bandoulière… Et là, paf : on vous refuse un visa à cause de votre poids ou parce que vous êtes diabétique. Oui, vous avez bien lu : votre rêve de nouvelle vie pourrait se heurter à une mesure qui frôle l’absurde. Car c’est précisément ce que suggèrent les récents documents de l’Donald Trump-administration aux États-Unis, qui ouvrent la porte à un refus de visa pour raisons de santé chroniques, dont l’obésité.
Le concept est choquant, mais il mérite d’être examiné avec lucidité. Esprit de justice et un soupçon d’humour pour garder le moral ?
Qu’est-ce que cette directive ?
Jusqu’à présent, le contrôle médical pour un visa américain se concentrait surtout sur des maladies transmissibles (la tuberculose, etc.) et sur la vérification des vaccinations.
La nouveauté ? Un câble interne du U.S. Department of State, adressé aux ambassades et consulats, demande aux agents d’évaluer si le demandeur pourrait devenir ce que l’on appelle un « public charge » (une personne dépendant de l’aide publique)… A cause de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, ou l’obésité.
Dans ce courrier, il est écrit que « vous devez tenir compte de la santé d’un demandeur ». La liste est longue et inclut « maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, cancers, diabète, maladies métaboliques, maladies neurologiques et troubles de santé mentale ».
Et cerise sur le gâteau (ou plutôt glaçage amer) ! L’obésité est explicitement mentionnée comme facteur possible de refus, car elle peut être associée à l’asthme, l’apnée du sommeil ou l’hypertension.
Autrement dit, on passe d’un contrôle sur « est-ce que vous avez une maladie contagieuse ? » à « est-ce que vous êtes susceptible, à terme, de coûter cher ? ».

Pourquoi cela soulève-t-il un problème de grossophobie ?
Le terme « grossophobie » désigne les discriminations, stigmatisations ou marginalisations liées au poids corporel. Lorsque la politique veille ou cible spécifiquement les personnes grosses ou les traite comme des risques ou des indésirables, on entre dans le domaine de la discrimination structurelle.
Ici, la politique de visa américaine semble placer automatiquement l’obésité (ou le diabète…) dans la catégorie « risque de charge publique ». Cela revient à dire : « Si vous êtes gros·se, on vous soupçonne de ne pas pouvoir subvenir à vos soins ou de ne pas être un bon immigré ».
C’est une association dangereuse et généralisée… Plutôt que d’évaluer chaque dossier sur ses propres mérites, on institue un présupposé sur une population (personnes grosses, personnes atteintes de certaines maladies) et cela s’apparente à de la discrimination.
L’expression « grossophobie visa » prend tout son sens dans ce contexte : ce n’est plus simplement un contrôle d’immigration, c’est une mesure où le poids corporel. Certaines pathologies deviennent un critère de refus.
Quels sont les effets concrets ?
Les conséquences peuvent être multiples :
- Une incertitude extrême pour toute personne présentant une maladie chronique ou un surplus de poids qui envisagerait de s’installer aux États-Unis.
- Une subjectivité accrue : les agents consulaires, qui ne sont pas médecins, doivent estimer si le demandeur dispose des ressources financières pour couvrir « toute sa durée de vie prévue » sans aide publique.
- Une extension de l’analyse aux personnes à charge (enfants, parents âgés) du demandeur, ce qui alourdit les demandes de preuve.
- Un message socialement toxique : celui qui pèse « un peu plus » est vu comme une potentielle charge. « Vous etes gros, vous allez nous coûter de l’argent ! »

Et côté légal ?
La notion de « public charge » n’est pas nouvelle dans la législation américaine. Elle remonte à l’Immigration and Nationality Act et a déjà été un terrain de bataille juridique.
Mais ce qui est nouveau, c’est l’élargissement conséquent de la palette des conditions de santé examinées… Allant bien au-delà des maladies infectieuses ou des mesures classiques et la forte discrétion accordée aux agents.
Certains avocats soulignent que ce type de directive permet des décisions basées sur des « scénarios hypothétiques… Ce qui entre en contradiction avec les manuels internes qui limitent les refus fondés sur des hypothèses.
En clair : la démarche gagne en arbitraire et perd en transparence.
Quelle est la portée pour les personnes concernées ?
Très large. On estime que près de 10 % de la population mondiale vit avec un diabète. Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité dans le monde. Si l’on ajoute l’obésité dont la prévalence reste élevée… On comprend que des millions de candidats à l’immigration pourraient se retrouver dans cette « zone grise ».
Et même si la directive semble viser surtout les demandes de visa « immigrant » (installation permanente), l’impact symbolique est fort : il s’inscrit dans une logique de tri des immigrant·es par « capacité à ne pas coûter ».
Pour les personnes rondes, cela crée un climat anxiogène : non seulement être « gros·se » reste un combat d’acceptation de soi, mais désormais il pourrait être un motif d’exclusion vers un pays-rêve.
Un avenir ou un espoir ?
Mais ne baissons pas les bras : face à cette directive, plusieurs pistes s’ouvrent :
- Vigilance : suivre l’évolution de ces mesures, les recours possibles, et les contestations juridiques.
- Solidarité : mettre en lumière l’impact de ce type de règles sur les personnes grosses pour que le débat public et juridique prenne en compte la dimension grossophobie.
- Information : pour toute personne souhaitant immigrer, ou accompagnant un projet d’immigration, être averti·e des conditions et préparer des preuves solides de ressources financières, d’assurance santé ou de stabilité médicale.
- Défense des droits : rappeler que le poids corporel ne doit pas être un critère de rejet systématique. L’acceptation des corps est un principe de dignité humaine.
Imaginez-vous un futur où ces règles seront amendées où l’on évaluera les dossiers non sur des jugements liés au corps, mais sur les compétences, les contributions, les aspirations. Votre rêve reste validé. Votre corps reste légitime.
Images par ia









